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Petit plaidoyer pour l'IA

Charlotte
serigraphie textile artisanale

Et non, gare aux apparences, je ne parlerai pas d'intelligence artificielle, c'était pour vous attirer jusqu'ici, mon bon vieux blog! L'IA, l'artificielle je parle, j'essaie de lui fermer la porte, même si elle se glisse dans ma vie par la fenêtre! C'est d'intelligence artisanale dont il sera question ici, celle qui guide ma vie de créatrice-artisane et j'espère la vôtre lorsque vous achetez un cadeau, de la déco, des vêtements. Quand vous achetez tout court. Article totalement subjectif donc, qu'aucune IA n'aurait pu me pondre ;) qui vise à vous présenter ma vision des choses quant à mon "pourquoi l'artisanat". En espérant qu'elle vous éclaire sur les valeurs de Kahobas et qu'elle vous amène à penser aux artisans qui gravitent autour de vous, dans votre entourage et sur votre territoire.


L'IA, celle qui valorise l'intelligence de la main...

L'artisanat, c'est pour moi une dépendance à mon corps et en particulier à mes mains et à mon cerveau. Mon cerveau imagine et demande à mes mains de faire et j’acquière ainsi, à force de faire, une certaine dextérité, un coup d'main, LE GESTE. Mon geste. Celui qui fait naître sous mes yeux ce que j'ai en tête. Il implique aussi les sens, qui dans mon cas sont la vue et le toucher. Mon métier est hyper cérébral car il titille sans cesse ma créativité, mon ingéniosité, mais aussi mon sens de l'organisation et des priorités. J'aime cette articulation du geste et de la tête. De la répétition du geste naît la transformation et la naissance d'une pièce unique. Ici pas de production de masse, pas de procédé industriel, je dois imprimer et monter chaque pièce commandée. Ah oui, pas de machine plus plus, j'imprime tout avec mes bras. C'est low tech la sérigraphie et ça, j'adore.


Faire

Pour moi la créativité ne va pas sans la fabrication. Oh oui, j'en ai des idées en tête, ça déborde! Mais créer ET faire c'est une autre paire de manche et c'est ca qui m'intéresse. Alors pourquoi l'artisanat d'art? Parce que j'ai une grande satisfaction à imaginer, créer, fabriquer et voir un objet naître sous mes yeux, grâce à ma tête, mes deux mains et de la matière. A l'époque de la parcellisation de la production, on subdivise à tout va en tâches de plus en plus élémentaires, quelle joie que de tout faire ici, au même endroit, ou presque ! En effet, je ne fabrique pas mes pieds de lampes qui sont tournés dans un atelier artisanal à 10 min de mon atelier! En somme, le faire soi-même développe un champ large de compétences qui me nourrissent et me font grandir.




L'IA, celle qui favorise l'économie de proximité...

En optant pour des produits artisanaux, on soutient directement les gens d'ici, de chez nous et ceci a un impact direct sur l’économie de proximité. Cela permet de maintenir et de développer des savoir-faire plutôt que de contribuer à des chaînes de production mondialisées, on choisit alors de favoriser des entreprises à taille humaine qui injectent leurs revenus dans la communauté. Cela aide à créer des emplois locaux et à renforcer le tissu économique du territoire.


Et l'écologie alors?

D'un point de vue écologique, l’artisanat est souvent plus respectueux de l’environnement que les grandes usines. Je dis souvent car je pense qu'il y a des exceptions. Les artisans privilégient généralement des matériaux locaux et utilisent des procédés de fabrication moins polluants :en contact quotidien avec nos matières premières, nos outils et nos intrants, il est évident qu'on se protège et qu'on cherche le moins nocif.


Autre aspect, les artisans fabriquent à la commande. Pas de stockage inutile de produits non-vendus, fabriqués en masse pour faire des économies d'échelle. J’abhorre ces enseignes qui fleurissent partout, dont le concept et de revendre les invendus. Rien de tel pour encourager les grandes marques à lancer 2 collections déco/mode par an, elles son rassurées, Ventes Privées et Action se débrouilleront avec ça, c'est plus leur problème...


Côté transport, rayonner sur son territoire n'engendre pas les mêmes coûts écologiques que la logistique des grandes enseignes implique. J'essaie de livrer vos commandes à vélo, à la poste de mon village à 2 km de mon atelier. Je ne souhaite pour le moment pas proposer de solutions de livraison contribuant à la déshumanisation de nos interactions, j'ai nommé les bornes de retrait qui poussent sur les parkings. De même que je ne peux pas acheter de concombre en hiver, je ne parviens pas à vous proposer des lampes avec des pieds venant d'IKEA, de chez Alinea ou autre... Je choisis d'être clientes d'artisans qui m'entourent à l'échelle régionale : la Bourgogne et la Franche-Comté.


Petit bémol, je n'irai pas jusqu'à dire que consommer de l'artisanat ou être artisane est écologique. La création d'un objet subsiste, avec son lot d'externalités négatives et de déchets. L'écologie consisterait à ne rien acheter, à ne rien fabriquer... On glisse alors vers un autre débat :)




L'artisanat, vecteur d'histoire et d'émotions

L'artisanat confère à un objet fabriqué par un-e artisan-e ce supplément d'âme qui nous fait craquer lors de l'achat et lui évite plus souvent le chemin de la déchetterie. Subtil, il va au delà de ce qui est habituellement attendu, apporte à la création une dimension particulière que vous ne trouverez pas chez IKEA. Il passe par une conversation avec vous, une rencontre pour de vrai à l'atelier, sur un salon ou dans le cadre de la vie personnelle, un p’tit mot par courrier pour valider les échantillons, l'histoire que je vous partage en parcourant mon site et mes réseaux sociaux.



L'artisanat, vecteur d' éthique, mais... Halte au craft washing !

Bien consciente que les gens commencent à raisonner leurs achats, on voit fleurir partout le mot ARTISANAT parce qu'il sous-entend que le fait main c'est éthique. Pas d'accord! A Madagascar, je travaillais auprès d'une coopérative de soie sauvage, ses clients se targuaient d'être éthiques alors qu'ils avaient bien vu que les conditions de travail n'étaient pas décentes (travailler au sol avec des outils pas adaptés, dans des locaux pas bien aménagés). Qu’elles me font rire les marques qui n'osent pas filmer avec le grand angle et se contentent de zoomer sur les mains qui fabriquent, se targuant de faire fabriquer "par notre partenaire indien depuis longue date avec lequel nous avons une vraie relation d'échange et d'amitié"!!! Qu'elles me font rire, ces marques de fringues qui se lancent en déco, se vantant d'être écoresponsables en se filmant dans des usines au Portugal, nous faisant avaler que la manufacture a été choisie pour ses compétences alors c'est le marché qui veut le Portugal comme nouveau pays-usine... Qu'elle me fait marrer, l'étiquette avec un joli label qui sort tout droit de nulle part mais qui fait clignoter dans notre tête le panneau "oh un label, tiens je l'ai jamais vu avant, c'est sûrement fiable comme achat"


Ici s'arrête la liste de mon petit plaidoyer... J'ai du mal à conclure. L'important pour moi étant de vous expliquer ce que je mets derrière mon métier d'artisane.


A bientôt,


Charlotte







 
 

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